La vie d'une ferme, des générations qui s'y succèdent. Les enfants deviennent grands, puis font des enfants à leur tour, ils prennent de l'âge et deviennent "le pépé et la mémé", changent de chambre, pour laisser leur place à ceux qui suivent.

Une mécanique bien huilée, qui semble immuable, mais parfois un "caillou" vient enrayer la machine, c'est cet oncle étrange, dépressif, alcoolique, qui passe ses journées à parler à une faisane et à collectionner les galets. C'est cette fille, toujours dans les nuages, avec un caractère peu docile, si fluette qu'on la sait incapable de reprendre le flambeau.

Et puis les jeunes s'en vont, petit à petit. Ils trouvent des boulots ailleurs, veulent vivre dans des maisons où d'autres n'ont pas vécu avant eux.

Un premier roman délicat, touchant, poétique. Une nouvelle plume à suivre !

Aurélie

Un roman poignant, sur un drame, un deuil et ses conséquences sur toute une famille, toute une société.

Un scandale : celui du sang contaminé, qui a fait de nombreuses victimes. Des procès trop mal jugés. Responsables mais pas coupables. De "tromperie" de "non-assistance à personne en danger". Qui savait ? Quels étaient les intérêts ?

Ce roman nous replonge dans les années 80-90. Au sein d'une famille, deux frères, dont l'un hémophile, il contracte le VIH après des transfusions de sang contaminé et en décède.

Un roman vibrant, de colère, d'injustice, mais aussi de musique, de cinéma, de rencontres, de tout ce qui fait une vie, ses aspérités.
Un livre miroir de celui d'Anthony Passeron "Les enfants endormis".

Aurélie

Julius et Jeanie sont des jumeaux de 51 ans qui vivent chez leur mère Dot, dans un modeste cottage dont ils cultivent le jardin. Pour vivre, ils revendent quelques légumes, et Julius se fait parfois embaucher sur des petits chantiers.

Lorsque le roman commence, Dot, la mère, décède. C'est le début des ennuis pour Julius et Jeanie qui découvrent les frais importants pour l'enterrement de leur mère. On leur réclame des loyers impayés alors qu'ils pensaient qu'un arrangement avait été conclu entre Dot et le propriétaire du cottage depuis la mort suspecte de leur père. Les dettes s'accumulent, et ils perdent petit à petit pied. D'autant qu'à ces dettes, s'ajoutent la découverte de nombreux secrets de Dot, dont certains remettent toute leur vie en question.

Un histoire aussi belle que terrible. On y parle de pauvreté, mais aussi de mains tendues, de deuil mais aussi d'amour et de solidarité, de secrets mais aussi de reconstruction.
Encore une réussite de Claire Fuller ! (Et de sa traductrice Mathilde Bach)

Aurélie

"Tu n'as pas encore d'enfant ? Il faut te dépêcher, l'horloge tourne, après il sera trop tard" (et toutes ses variations). Si vous êtes une femme, aux alentours de 30ans, en couple, ou non, vous avez forcément entendu cette phrase, et sûrement pas qu'une fois !

Anna est une jeune femme, féministe, engagée, mais face aux injonctions de la société, de son entourage, de ses proches elle se met à réfléchir sérieusement à avoir un enfant. Cela devient même obsessionnel chez elle. L'enfant tarde à venir, elle s'engage à corps perdu dans un parcours, PMA, FIV ... tout son quotidien tourne autour de ce projet.

Quand la grossesse arrive, l'accouchement, les premiers moments avec son enfant, tout s'effondre. Rien ne correspond à l'image qu'elle s'en faisait, la fatigue et ces litanies sans cesse de "conseils / remarques" sur tous les choix et décisions (l'allaitement, les biberons, le sommeil, la péridurale, les kilos, la fatigue ...) contribuent à la faire douter de tout, la culpabilité s'invite ...

Heureusement l'autrice ne manque pas de verve pour partager tout ce à quoi est confronté une femme, tout ce qu'elle entend, vit, dans son corps, ce corps sur lequel tout le monde semble avoir un avis, et qui ne lui appartient même plus quand la grossesse arrive ...

Un roman émouvant, drôle, qui permet de se sentir moins seul.e, de déculpabiliser un peu, de prendre conscience de ce qu'on peut être amené à traverser soi-même, de ce que traversent nos proches et des petites phrases qu'on prononce toutes et tous, sans forcément penser à mal, mais qui peuvent être une véritable souffrance.

À découvrir, à offrir !

Aurélie

Ce roman est surprenant ! Je vous mets au défi de lire le premier chapitre et de ne pas avoir votre curiosité piquée. Dès le début, l'autrice nous plonge dans la peau d'un veau en train de naître. Au fur et à mesure du livre vous serez vache, chienne, chat et pie.

Mais loin de l'anthropomorphisme d'Animal Farm d'Orwell, ici point de débats philosophiques entre les animaux. C'est une écriture viscérale, proche des sensations, complètement originale. Toute une langue à créer pour raconter ceux qui nous entourent, nous observent, comprennent beaucoup et surtout beaucoup plus qu'on ne le pense.

C'est par leur regards que nous découvrons cette vie de ferme âpre, dure, ces hommes et ces femmes façonnés par un quotidien laborieux, fait de silences et de drames intimes.

Gros coup de cœur pour ce roman passionnant et complètement hors normes.

Aurélie