Les Bordes

Aurélie Jeannin

HarperCollins

  • Conseillé par (Libraire)
    30 décembre 2020

    Terres hostiles

    J'avais déjà beaucoup aimé le premier roman d'Aurélie Jeannin "Préférer l'hiver" ces deux femmes, dans cette cabane, loin de tout, une fuite, un refuge...?
    Dans son second roman, elle continue de s'intéresser à un lieu précis, ici "Les Bordes" un nom de lieu indissociable d'une nom de famille, ce genre de "maison de famille" qui possède toujours de nombreuses histoires plus ou moins cachées, des secrets, dans chaque recoin, ce domaine n'y échappe pas. Dès les premières pages on ressent l'hostilité du lieu et de cette famille.
    Aurélie Jeannin arrive à nous faire entrer d'une manière subtile et surprenante dans la tête de Brune, ses angoisses, ses pensées, ses peurs, ses craintes, on vit avec elle cet instant redouté, on souffre avec elle.
    C'est le genre de livre qui met à rude épreuve l'empathie du lecteur, qui vient le chercher, qui vient remuer, difficile de se protéger, les mots se faufileront pour réveiller les peurs primaires.
    Moi, qui aime être bousculée, j'ai été servie, j'ai l'impression d'avoir lu ce livre en apnée, d'avoir été passé au programme essorage!
    ~~Aurélie~~


  • Conseillé par
    29 janvier 2021

    Puissant.

    Les Bordes, c’est un lieu. Le point de départ. L’endroit de naissance. Le terreau des souvenirs.
    Perdu. Dangereux. Craint.
    Mais c’est aussi une famille. Une belle-famille.
    Dure. Tranchante. Haineuse.

    Les Bordes et Les Bordes se confondent, se mélangent quasiment jusqu’à la fusion.
    Pour Brune du moins, Les Bordes, c’est tout à la fois le début et la fin.
    Mais chaque année, la famille s’y retrouve, le temps d’un week-end. Quarante-huit heures en mode survie. Aux aguets. Prête à se battre, prête à tomber.
    Pour ses enfants, elle prend sur elle. Va tenter d’y survivre encore un week-end.
    Et, surtout, tenter de les protéger, eux, ses enfants, sa vie, sa chair, son sang.

    Parce qu’aux Bordes, tout est danger. Tout est coupure, blessure, douleur.
    Et parce que les Bordes sont comme leurs terres : coupants, blessants.
    Arides.

    Mais pour ses enfants, oui, elle y arrivera. Elle les aime tant.
    Sauf quand elle les hait.
    Elle les protégera de tout et de tous.
    Mais qui les protégera d’elle ?
    Elle va les couver, les bercer, les aimer, encore plus, toujours plus.
    Et parfois moins, tellement moins...

    Mais au terme de ce week-end, que restera-t-il ?
    QUI restera-t-il ?

    Les Bordes est un roman à part.
    Une lame aiguisée, chauffée à blanc, qui nous transperce.
    C’est le roman d’une mère, avec ses qualités et ses défauts. Coupable d’être seulement humaine, dans un endroit qui l’est si peu.
    C’est le roman d’une femme. Avec ses envies et ses peurs.
    Avec ses rêves, phagocytés par un mal extrême : le souvenir.
    Les Bordes, lieu où réside cette mémoire éternelle.
    Les Bordes, famille du rappel constant.
    Quel sera le prix à payer pour tenter de l’occulter ?

    La plume est belle, l’histoire sublime.
    Toute en subtilité et en ambiance.
    Et en nuances.
    Aurélie Jeannin nous captive, nous fait trembler, nous fait réfléchir.
    Combien y a t-il de façons d’être mère ? D’être femme, fille ?
    Peut-on protéger ceux qu’on aime, des autres, de tout, de soi ?

    La lecture est éprouvante et c’est ce qui la rend si belle. Parfaitement dérangeante, idéalement plaisante, profondément humaine.
    C’est un roman à découvrir pour mille raisons.
    N’hésitez pas, ils ne sont pas si nombreux à être aussi puissants.