Prison-palais

Martin HÖGSTRÖM, David LESPIAU

Eric Pesty

  • Conseillé par (Libraire)
    15 novembre 2022

    Poésie architecturale

    Voici un livre de poèmes architecturaux.

    Des poèmes analogues à la matrice de la police universelle : les murs.

    Nous sommes, dans les pages, enchâssé grâce à des mises en perspectives qui sans cesse se retournent sur elles-mêmes, sur le lecteur.

    Pauvre lecteur perdu qui ne s’échappera pas de ce labyrinthe mais qui subira, pour son apprentissage, le silence de tantale.

    La prison : mais où est-elle ? Qui est-elle ? Les prisonniers sont-ils vraiment à l’intérieur ? Le palais : est-ce le royaume de l’enfermement ? Une zone buccale de la terre enfermée dans la terre enfermée dans la nuit ?

    Tout est cellulaire dans ce livre, jusqu’au moindre bruissement de langue. Les couloirs sont déserts mais traversés de lumière, de gestes, de mouvements. Un détenu semble retrouver un peu de liberté via le langage. La violence des rapports humains, les logiques de surveillance et de contrôle forment une clôture mentale généralisée – et toujours logée dans des zones du langage.

    C’est un livre qui n’est pas d’un outre-monde. C’est une investigation minutieuse de notre condition humaine prise dans le ruban de Möbius où galeries, couloirs, sculptures, jardins, forêts, visages se déplient en paysage grammatical.

    « murs lépreux soignés avec / des dessins. le jour se lève / l’espoir qui vacille est / irréductible car c’est le dernier / un éboulement de gros blocs / jusqu’au pied des murs en pente (…) dormir tellement bon d’être de marbre la vallée ruisselle / les arbres respirent du carbone ». (p. 93).

    Un sorte de système vitale mute, est analysé, jour après jour coché et nous offre son écho à reprendre infiniment pour quiconque veut se repérer dans les dédales du monde.

    Julien