Napalm dans le coeur

Pol Guasch

La Croisée

  • Conseillé par (Libraire)
    15 novembre 2022

    Incroyablement fort

    Annoncé comme « L’enfant terrible de la littérature catalane » selon Barcelona Post, on aurait pu se méfier quant à une énième annonce spectaculaire, n’ayant d’autre mensonge que celui d’une promotion commerciale insipide. Mais il n’en est rien. "Napalm dans le cœur" est un livre d’une force incroyable. Incroyablement actuelle et pertinente.

    On entre dans une atmosphère étrange et dystopique. Les logiques et les identités se dissolvent puis se retrouvent, empêchant un récit convenu, tout en créant des possibilités de sens en faveur d’un parti pris narratif rendant le monde énigmatique où il faut fuir de « l’autre côté » la guerre inquiétante qui confine le héros chez sa mère et où le spectre des autorités politique rôde partout.

    Car chez Pol Guasch, le monde est toujours en guerre et il s’agir de se débrouiller avec cela ; avec les histoires que le conflit produit.

    Le livre évoque la violence de l’amour et la vie violente. Ce monde est un monde de violence et d’amour. La mère du narrateur est éprise d’un militaire « au crâne rasé » et la narrateur désire son amant à travers des lettres sans réponses. Les dialogues sont rares et l’histoire se déploie fragmentée.

    Tout l’amour devient un lien animal incluant la violence.

    Une dualité donc évoquant deux mondes : ceux qui gouvernent et ceux qui subissent. Un lieu, l’Usine, est comme un axe indéterminé. Tout le monde veut y échapper mais tout le monde y finit.

    Napalm dans le cœur décrit un univers où la violence est subie et suggérée par l’absence de contextualisation, comme chez Blanchot ou Kafka. Un procédé qui permet d’écrire des livres toujours au présent l’énigme d’une violence régnante des société industrielles.

    Ce roman est un grand creux intriguant, plein de scènes dystopiques, sobres, sans emphases ni effets inutiles.

    Juste une poétique de la réalité où les êtres se confrontent à l’existence dans un monde en guerre et où le désir guide la résistance vers un peu de beauté.

    Le meilleur livre de la « Rentrée Littéraire ».

    Julien


  • Conseillé par (Libraire)
    6 octobre 2022

    Pol Guasch nous offre avec ce premier roman une expérience de lecture rare. Récit troublant, fragmenté, morcelé, on y retrouve la liberté qu’offre la poésie de ces précédentes œuvres, le texte se rend parfois épistolaire, narratif ou évocateur ; soudain il disparait pour faire place aux dessins et à la photographie. Récit de guerre et de survie, dans un monde proche de la fin, le personnage perd le peu qu’il possède, sa jeunesse, son innocence, ses amours. L’intelligence de cette œuvre réside dans le dialogue entre le fond et la forme. Nous ne savons pas où nous sommes et ce que vit ce monde, comme nous ne savons pas ce que nous lisons : pamphlet politique, dystopie poétique ou œuvre visionnaire et intime ? La lecture exigeante de cette écriture hallucinante en fait une œuvre unique, entre La Route de McCarthy et Frères sorcières de Volodine. C’est plus qu’un roman fou, c’est un très bel objet littéraire non identifié.