• Conseillé par (Libraire)
    8 juin 2020

    Chaleur troublante

    Après "Un mariage anglais" j'avais une très grande hâte de retrouver Claire Fuller. Ce nouveau roman, c'est un livre-cocktail! Non, pas seulement parce qu'il y a pas mal d'alcool entre ces pages, mais parce qu'il y a tout un tas d'émotions, d'éléments romanesques, une grande richesse subtilement dosée, équilibrée, qu'il serait compliqué à résumer, restreindre. Il y a de la passion, du secret, du mystère, de la déception, des joies, des peines, des rires, des crises, des souvenirs trop présent, et d'autres qui s'effacent, ou se trompent, des arrangements avec ce qu'il s'est réellement passé, des cris, de la musique, une maison délabrée, et ses fantômes, son histoire trouble, la chaleur, un lac, des personnages qui ont tous des choses à cacher, pour qui la vérité est une notion complexe... Et en disant cela, je me rends compte qu'il en manque encore. Je retrouve dans ce texte ce que j'avais apprécié dans son précédent roman, une véritable habilité à construire un récit, lui donner une architecture, ménager le suspense, aguicher le lecteur, donner, reprendre, le manipuler un peu mais surtout compter sur son intelligence pour combler les non-dits selon son envie. Rien n'est donné facilement et pourtant tout est fluide. J'ai beaucoup aimé le côté légèrement gothique qu'on trouve dans ce roman, Kasischke ou Oates, voire Du Maurier, ne sont pas loin. De la comedia dell'arte, ou du drame shakespearien, et des notions théologiques, sur le pardon ou le pêché, Hawthorne n'est pas loin, sans oublier Austen Brontë, un soupçon de ceci et de cela, et puis finalement pourquoi le rapprocher absolument de quelque chose, Claire Fuller fait du Claire Fuller et c'est très bien ainsi.


  • Conseillé par
    14 janvier 2023

    Angleterre

    Frances Jellico doit faire la liste exhaustive de ce qui se trouve dans le jardin d’une vieille résidence anglaise récemment vendue à un américain.

    Logée sous les toits, elle perçoit des bruits étranges, épie le couple qui loge l’étage en-dessous d’elle, porte encore les dessous de sa mère décédée.

    Le couple du dessous n’est pas en reste : Cara raconte des histoires à Frances sans que celle-ci s’en rende compte et son compagnon est encore marié à une autre femme.

    Si j’ai aimé leurs pique-niques et leurs soirées alcoolisées, je dois dire que j’ai eu du mal avec leurs comportements cachotiers et menteurs.

    J’ai aimé les leitmotivs : le pendentif de Frances offert par sa mère mais dont la photo de fillette à l’intérieur n’est pas la sienne ; la latte du plancher de la salle de bain qui se soulève pour pouvoir espionner l’étage du dessous ; le Musée qui est une pièce contenant les objets précieux de l’ancienne famille.

    J’ai aimé le vicaire Victor qui se pose des questions sur son sacerdoce.

    Mais j’ai trouvé la fin du roman un peu trop diluée, et une fois refermé le livre, je me suis rendue compte que je n’avais pas sentie d’impression d’étrangeté.

    L’image que je retiendrai :

    celle du blason de la vieille maison : 3 oranges. Blason qui se retrouve sur les meubles et la vaisselle.

    https://alexmotamots.fr/lete-des-oranges-ameres-claire-fuller/