Librairie N.

Les tribulations littéraires et burlesques d'un marque-page

Vampire Actif

15,00
Conseillé par (Libraire)
7 novembre 2020

Le compagnon infatigable et méconnu de nos jours

Voici un premier roman racé et élégant, sur une idée tellement bonne, simple et originale que l'on se demande pourquoi elle n'a pas été exploitée plus tôt.

" Rien à signaler. Si, la page. Mais ne suis-je pas fait pour cela ?"

Le journal d'un signet est donc le journal intime d'un marque-page (comme on le désigne plus prosaïquement de nos jours), acheté à la librairie-boutique du musée Gustave Moreau par Flore, jeune femme qui sera désormais pour lui La Liseuse.

" Marquer la page, un travail de sentinelle. Il y a là comme une fierté de monter la garde de la littérature. Je suis le signe qui fend le livre telle une épée et le divise entre passé et avenir comme l'aiguille d'une horloge. Mais je suis aussi la borne des contrées explorées et le poteau indicateur des terres à découvrir. "

Je n'en dirais pas beaucoup plus pour ne pas gâcher la magie de la découverte. Simplement que c'est un délice de se plonger dans l'intériorité d'un objet inanimé soudain doué de raison, et de voir jusqu'où l'auteur a réussi à creuser et développer des situations qui font mouches et interrogent le lecteur sur ses pratiques de lecture.

Le signet, objet de fétichisme, de collection, et maintenant objet romanesque dans ce très beau texte à l'élégance raffinée et au charme suranné des grands prosateurs n'ayant pas peur de la syntaxe complexe et du vocabulaire pointilleux.

Martin

17,00
Conseillé par (Libraire)
7 novembre 2020

Un conte au féminin

Le Chien Noir nous conte les malheurs d'Eugénie, fille du roi Cruel mariée de force par lui au mystérieux Barbiche. Étranger au charme subtil, il ne lui promet rien de moins que son émancipation future si, et seulement si, elle accepte de s'en remettre entièrement à lui. Enfermé dans un château au milieu d'une île, le piège de Barbiche va se refermer sur Eugénie.

Inspiré par Barbe-Bleue et La Belle et la Bête, Lucie Baratte nous propose un conte gothique et démontre qu'il est possible d'investir par le détour de cette forme littéraire intemporelle des problématiques on ne peut plus actuelles.
Le conte, et ses métamorphoses, est en effet un objet polymorphe, d'une souplesse insoupçonnée.

Un texte qui sous ses abords médiévals et des trésors de langue, sonne avant tout l'hallali sur le patriarcat et son oppression.

Il faut encore une fois saluer le travail éditorial des Éditions du Typhon dont c'est le 2ème texte dans la brillante collection " Les Hallucinés".
Ils enrobent par ailleurs ce texte d'une couverture magnifique et d'une postface bienvenue d'Élisabeth Lemirre, qui retrace la généalogie et l'importance du conte dans notre imaginaire collectif.

À lire à haute voix au coin du feu ou au soleil pour les plus chanceux des confinés.

Martin

Conseillé par (Libraire)
7 novembre 2020

Prix Mémorable 2020

Paru initialement en 1962, Et frappe le père à mort, titre inspiré de Shakespeare, est un roman majeur du courant littéraire des angry young men. Ce 5ème titre de l'écrivain John Wain nous place au cœur de l'Angleterre de la 2nde GM.

Alfred Coleman est professeur de grec dans une université de province. Marqué par son expérience des tranchées, la vie est faite pour lui de principes et d'un amour de la culture porté au pinacle.
Plus de refuge possible dans la religion après la boucherie certes, mais la civilisation du loisir n'a pas encore frappée aux portes du sévère professeur pour qui le travail passe avant le repos.

Son fils, Jeremy, a été autant façonné par ce père rigide que par l'absence d'une mère. Il cherche à bien faire mais le piano le ramène inlassablement au jazz, un loisir "pas sérieux". Il décide alors un jour de prendre la clé des champs. La rupture est consommée, Jeremy devra cheminer seul, rencontrant d'autres figures tutélaires, Tim le manager mythomane, et surtout Percy, le jazzmen afro-americain virtuose du trombone.

Cette querelle multiseculaire, l'affrontement d'un fils avide de liberté contre son père rigide et autoritaire dépassé par la vitalité de son enfant et par un paradigme de valeurs étranger à la civilisation qui l'a vu naître, se voit ici magnifier par des personnalités complexes refusant de transiger sur leur vision du monde.

Ce roman polyphonique sur fond de Blitz et de jazz dans des boîtes de nuit enfumées, de Londres au Paris de St-Germain des Prés, est donc une franche réussite tant dans sa construction, alternant les points de vue d'Alfred, Jeremy et de sa tante Eleanor, que dans son discours prônant la rébellion mais aussi la réconciliation.

Martin

Le travail des éditions du Typhon vient d'être salué récemment par l'obtention du Prix Memorable qui vise à promouvoir le travail d'éditeurs tirant de l'oubli des textes importants.

Conseillé par (Libraire)
7 novembre 2020

Berlin après un tremblement de terre, une mère cherche son fils.

Marika vit seule avec son fils de 7 ans, Solal. Il ne connaît pas son père, elle et lui ont quitté l’Allemagne alors qu’il était bébé. C’est au cœur d’un été caniculaire qu’elle décide de l’emmener à Berlin rencontrer Thomas, son célèbre dramaturge de père. Marika accepte de les laisser seuls pour une nuit, déambule dans un Berlin qui lui manque. Dès les premières lignes du roman, on comprend cependant qu’elle ne les retrouvera pas si facilement…

Première autrice française chez Agullo Editions, Astrid Monet nous livre un deuxième roman qui traite d’amour filial, de chaos, d’urgence – d’urgence climatique, d’urgence à respirer, à retrouver son fils. Un roman qui raconte tout l’amour de l’autrice pour une ville, personnage à part entière. Laissez-vous emporter par son écriture poétique, traversez Berlin la bouche asséchée d’abord par la chaleur étouffante et le manque d’eau, puis par la pluie de cendres et la panique. Une expérience intense.

Suzanne

18,00
Conseillé par (Libraire)
5 novembre 2020

Nos chers enfants

Un narrateur revient devant le lecteur sur les événements troublants survenus dans la ville de San Cristobal et s'interroge sur l'enfance, ce continent inconnu.

Quel sens donner après coup au surgissement de ces bandes d'enfants vivant entre eux et parlant un dialecte incompréhensible ? Constituant une contre-société close, volant, jouant et disparaissant à tour de rôle au grand dam d'adultes dépassés, ils les débordent par le jaillissement de leur vitalité. Ceux-ci étant incapable d'interpréter ce comportement illogique et les signes (s'il y en a) que constituent ce défi lancé à la civilisation des adultes rationnels.

Une angoisse sourde et une tension violente traverse ainsi le lecteur tout au long de la lecture de ce court roman captivant par son étrangeté si proche de nous.
Car quoi de mieux connu et étudié que l'enfant et son développement ?

L'enquête que reconstitue pièce par pièce pour nous ce fonctionnaire à l'enfance de cette petite ville de province se révélera passionnante. Les indices semés au fil du roman ne laissant que supposer une fin tragique, un dénouement insupportable et inacceptable à la hauteur de ce texte remuant. Une lecture troublante et angoissante qui aura continué de m'interpeller une fois le livre refermé.

Martin