Vero

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Je ne sais plus comment je suis tombée en littérature mais je sais pourquoi. Parce que dès j'ai plongé les yeux dans un livre, je suis partie. J'ai tout de suite compris que les mots avaient le pouvoir de m'emmener vers d'autres ailleurs. Qu'ouvrir un livre, c'était voyager. Dans l'univers des jouets de "Oui Oui" ou dans celui rempli de noeuds, de volants et de gentils garnements de la Comtesse de Ségur, dans les énigmes et les petites frousses du Club des Cinq, je me sentais bien partout. Je pouvais vivre cent vies à la fois! A 11 ans, un livre m'a fait versé des larmes. C'était Mon bel Oranger de Vasconcelos et là, j'ai su, que définitivement, je ne vivrai jamais sans livres à ma portée. Ils sont des voyages, des émotions, des amis, des confidents aussi. Ils sont un monde dont je ne peux me passer, une ouverture sur un ailleurs débarrassé des petits fardeaux du quotidien: un refuge.

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31 octobre 2010

Année charnière

Vraie-fausse autobiographie, La première fois que j’ai eu seize ans livre avec un regard plein de tendresse les questionnements adolescents.

Et des problèmes, le jeune héros va en avoir à la pelle : cambriolage, meurtres, arrestation, course-poursuite, espionnage... De l'action, des rebondissements, des mensonges, de l'amitié, une pointe d'amour : tous les ingrédients sont réunis dans ce polar futuriste pour tenir le lecteur en haleine. Entre réel et virtuel, le monde ne semble pas tourner rond. Mais il est dangereux d'avoir un éclair de lucidité, quand on s'en prend à ceux qui tire les ficelles. "Big Brother" est parmi nous et nous ne sommes que des marionnettes !

Un excellent premier roman, décalé, haletant et subtil.
A lire au plus vite... et à adapter sur grand écran !

21,85
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30 septembre 2010

Un vrai grand roman!

Estonie, 1992. Lorsque qu’Aliide Truu découvre une jeune femme dans la cour de sa ferme, elle se méfie. Qui est cette Zara ? Qui l’envoie ? Son histoire de mari auquel elle tente d’échapper est-elle vraie ? La vieille Aliide a connu la guerre, l’invasion allemande, celle des Russes, les trahisons, les tortures et la collaboration.

Alors elle a surtout appris à se méfier de tout et de tous.
Pas facile de résumer ce roman dense sans en dévoiler les secrets et les non-dits qui en font la trame. La construction adoptée par Sofi Oksanen est habile et efficace et couvre plus de cinquante ans de vie et d’histoire. Car ici les vies sont étroitement liées à l’histoire d’un pays et à celle plus large d’une partie de l’Europe. Portraits sensibles et terribles de femmes, Purge visite également les années de nazisme puis de joug communisme des pays de l’Est. Une histoire finalement pas si lointaine à laquelle nous avons souvent assisté en spectateurs lointains : l’URSS, Tchernobyl, l’éclatement de l’empire soviétique. Pour autant, Purge n’est pas un roman historique mais la chronique magistralement maîtrisée d’une famille broyée par la guerre et l’impérialisme, par la jalousie et les amours déçues et par l’Histoire. Un roman riche et intense, terriblement humain qui m’a tenu en haleine et que j’ai lâché presque à regret, avec dans la tête cette impression : il n’est pas si commun et bien agréable (!) de croiser un tel livre dans une vie de lecteur.

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30 septembre 2010

Le théâtre de la vie

L’été apporte son lot de chaleur et de sueur sur le Festival d’Avignon. Un festival qui tourne au ralenti en raison de la grève des intermittents du spectacle. Sans que la date ne soit jamais mentionnée, on se rappelle l’édition de 2003 paralysée par la grève retentissante des petits et des grands noms du théâtre. Au milieu de ce festival presque endormi, un drame aux relents de tragédie se joue.

Odon Schnabel, propriétaire du Chien fou, un théâtre de la ville, monte Nuit Rouge d’un certain Paul Selliès. Un auteur illustrement inconnu et mort depuis quelques années et dont la sœur Marie est venue écouter les mots. Dans un autre théâtre plus prestigieux, la Jogar est là aussi, jouant Sur la route de Madison. La Jogar pour Odon, c’est Mathilde, un amour insensé parti faire carrière ailleurs, loin d’Avignon. Alors qu’Odon et Mathilde se retrouvent timidement, les corps encore pleins des souvenirs de leur amour, Marie, la jeune écorchée, vient déchirer le silence qui s’est instauré entre les deux amants depuis cinq longues années, ce silence que l’on pose parfois sur les fautes pour tenter de les oublier.

Les phrases courtes de Claudie Gallay donnent à ce roman un rythme étrange et saccadé, qui parfois se traîne pourtant avant de finalement fournir une belle trame. Roman de passion amoureuse mais aussi de passion pour le théâtre, le livre dresse une galerie de portraits parfois touchants, telle la vieille Isabelle, mémoire à elle seule du festival d’Avignon ou Jeff, prêt à toucher un rêve dont la réalité l’effraie. S’il est question ici d’amour, d’ambition, de faute, de rachat, de deuil, de mensonges, de vengeance et de blessures, L’amour est une île est assurément un livre qui rend hommage au théâtre, où l’on croise Gérard Philippe et Ariane Mouchkine (et bien d’autres), dans lequel on interroge le rapport entre le texte et le comédien qui l’habite, où l'art laisse son empreinte dans les vies.

19,00
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24 septembre 2010

Un beau premier roman

Texte choral et polymorphe, Les Chagrins est un premier roman tout en sensibilité, servi par une plume par laquelle il fait bon se laisser porter. A la mort de sa mère Héléna, avec qui elle n’avait plus de contact depuis de nombreuses années, Angèle découvre qu’elle est née à la Petite Roquette, une prison pour femmes.

A vingt-deux ans, Héléna a été incarcérée pour cinq ans, complice d’un vol à main armé dans une bijouterie, un crime qu’elle a choisi d’endosser seule. Angèle remonte alors le cours de l’histoire de cette mère qui n’a jamais su l’aimer. Habilement construit et tout en émotions, le roman donne à entendre les voix de ceux qui ont croisé peu ou proue l’histoire d’Héléna : celle de sa mère Mila qui écrit sans relâche et vainement à sa fille pendant cinq ans, pour tenter de tisser le lien entre Héléna et Angèle dont elle a la garde. Celle d’un journaliste fasciné par la jeune condamnée et qui aura aussi son rôle dans l’histoire. Celle d’Angèle, l’enfant impatiente qu’Héléna rentre et qui voit son rêve d’amour s’effondrer. Celle d’un homme aussi qui n’a pas compris l’amour d’Héléna, qui n’était pas prêt à le partager.

Roman sur la filiation, la recherche des origines, roman d’amour, de désamour et de ratage amoureux, Les Chagrins est à découvrir dans cette rentrée littéraire.

Nouvelles

Fayard

17,10
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24 septembre 2010

Lecteur-voyeur

Trente-huit nouvelles courtes, incisives, au rythme pressé composent ce nouveau recueil de Claire Castillon. Trente-huit bulles crevées le temps d’une intrusion, celle du lecteur devenu voyeur, dans l’intimité de femmes et d’hommes : on entre dans leurs lits, leurs têtes, leurs déviances, leurs fureurs, leurs folies, leurs frustrations…

Après "Insecte" qui disséquait les rapport mère-fille et "On empêche pas un petit cœur d’aimer" autour des rapports de couple, Claire Castillon continue d’explorer l’art de la nouvelle de sa plume sans concessions, parfois provocante. Mais ce recueil-ci ressemble plus à un fourre-tout où l’on retrouve nombre de thèmes déjà traités si on connaît un peu l’auteur et donne l’impression que Castillon commence à tourner en rond, en perdant en finesse.