Couple et paternité chez Dumas

C’est Place Royale aujourd’hui place des Vosges que les quatre mousquetaires, devenus ennemis politiques à cause de la Fronde, sont sur le point d’en découdre. Mais Athos privilégiant l’amitié brise d’un geste sublime son épée et entraîne la réconciliation générale. Lui-même presse d’Artagnan sur son cœur en s’exclamant : « Mon fils ! » - fils d’élection bien entendu puisque le Gascon n’ est pas son enfant. Ce sont ces pères et ces fils d’élection, étonnamment nombreux dans la trilogie (Athos d’Artagnan, mais aussi d’Artagnan Raoul, les trois mousquetaires Raoul, etc… ) qu’étudie Simone Domange. Pourquoi ces liens artificiels alors qu’il est si facile, au fond, d’avoir un enfant « de chair » ? Pour répondre véritablement, il lui faut analyser finement les rapports hommes femmes bien révélateurs chez Dumas (Porthos madame Coquenard, Aramis la duchesse de Chevreuse puis de Longueville, d’Artagnan Constance, et surtout Athos Milady, la fascinante et dangereuse Milady.A la lumière d’une telle réflexion, Dumas, considéré traditionnellement comme un romancier de cape et d’épée avec tout ce que cela implique d’indulgence mais aussi de léger mépris nous révèle une originalité, une profondeur jusqu’ici peu prises en compte. Une passionnante relecture de l’œuvre de Dumas.