Un effondrement
EAN13
9782246859994
Éditeur
Grasset
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Un effondrement

Grasset

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« Je voulais écrire ce livre avec une voix douce, cette histoire pour laquelle
j’étais restée longtemps sans voix. J’ai raconté mon effondrement comme un
tremblement de terre sans bruit, et la traversée des jours où j’avais tout
perdu sans bien comprendre, en saisissant l’étrangeté de ce qui était là,
parce que je n’arrivais plus à vivre et que tout était étrange. J’ai construit
ce récit sans écrire le mot dépression, je n’ai pas cherché à exposer la
maladie ou ses raisons. Je n’ai pas pris le ton de l’autobiographie, ce qu’on
apprend de la vie de la narratrice prend peu de place. Ce sont les journées
qu’elle vit que j’ai cherché à écrire. Les lieux, ce qu’elle y trouve, ce
qu’elle sent d’elle et des autres. Les situations où elle touche ce vide qui
la cerne jusqu’à l’insupportable. La vie qu’elle guette, qu’elle attend,
qu’elle ne sait pas comment attraper mais dont elle attend tout le temps un
signe. Et ceux qui sont là, qu’elle scrute, qui la désespèrent, qu’elle ne
comprend pas ou qu’elle se met à rechercher parce que, auprès d’eux, ce sera
enfin l’ouverture. J’ai voulu raconter cet effondrement sans pathos, sans
plainte surtout, parce que l’état de dénuement m’a paru riche. Une réponse à
la honte. J’ai cherché à le faire vivre ce dénuement avec des mots et des
phrases qui tâtonnent, qui suivent le singulier trajet que fait la peur dans
la tête, ou la stupeur. Je me suis émerveillée de la netteté des images qui
étaient restées après plus de trente ans, elles étaient si fortes qu’elles se
détachaient. Elles ne comptaient plus pour moi mais pour ce qu’elles
racontaient. Ce qui s’est dessiné derrière le livre que j’écrivais, c’était
cette question, comme c’est difficile d’être un être humain, une personne.
C’est devenu le titre dans ma tête, la phrase qui me guidait. La narratrice
est face à ce qu’elle est ou n’arrive plus à être, face à l’incertitude de
vivre. Tout doucement et comme sans s’en apercevoir, les autres, un voisin de
chambre, Robert, l’herbe sur laquelle elle vient s’asseoir avec eux à la
tombée du jour, ce moment volé à la clinique, vont devenir réels à ses yeux,
vont exister pour ce qu’ils lui donnent, sa vie à elle. » .
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