Robes noires, années sombres, La Résistance dans les milieux judiciaires
EAN13
9782213659602
Éditeur
Fayard
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
S'identifier

Robes noires, années sombres

La Résistance dans les milieux judiciaires

Fayard

Indisponible

Autre version disponible

"IIgnoré de l'historiographie et absent des analyses sociologiques,
l'engagement d'avocats et de magistrats dans la Résistance se révèle pourtant
un sujet passionnant pour qui veut comprendre à la fois les années sombres et
le rôle politique de la justice dans l'histoire contemporaine de la France.

Au-delà de l'exemple souvent évoqué du juge Didier, qui refusa de prêter
serment au Maréchal, des dizaines d'avocats et de magistrats choisirent
d'entrer dans l'illégalité alors que leur profession les associait à
l'application de la loi. Avocats organisateurs de filières vers l'Angleterre,
juges d'instruction détruisant certains de leurs propres dossiers, substituts
du procureur contribuant à l'évasion de leurs détenus, juristes praticiens
associés à leurs collègues du monde académique dans la rédaction de textes
démontrant l'illégalité de Vichy: ce sont quelques-uns des aspects de cette
résistance qui sont ici reconstitués à l'aide d'archives jusque-là délaissées.

Réinscrivant la période de l'Occupation dans une socio-histoire des milieux
judiciaires allant de l'entre-deux-guerres à la fin des années 1940, ce livre
éclaire d'un jour nouveau les relations entre droit et politique. L'étude de
la résistance d'avocats et de magistrats révèle les potentialités d'action de
ces professionnels, dont la force subversive apparut à travers ceux qui
choisirent la dissidence au sein d'une institution judiciaire dotée d'un rôle
central dans la répression mise en oeuvre par Vichy. Elle propose aussi une
interprétation nouvelle de l'engagement résistant, grâce aux outils de la
sociologie de l'action collective. Soumis aux mêmes contraintes que leurs
compagnons d'armes d'autres secteurs (clandestinité, recrutement, risque,
secret, communications difficiles...), magistrats et avocats durent néanmoins
trouver les ressources nécessaires à l'invention d'une action clandestine
spécifique, fondée en particulier sur le droit et ses institutions. L'exemple
de la résistance judiciaire démontre également que la portée politique du
droit ne doit pas être négligée dans l'histoire du combat entre Vichy et la
Résistance, qui peut être relu comme un affrontement entre des définitions et
des mises en oeuvres rivales de la légalité et de la légitimité politique.

Liora Israël, ancienne élève de l'École normale supérieure de Cachan agrégée
de sciences économiques et sociales, est maître de conférences à l'École des
hautes études en sciences sociales (Paris).
S'identifier pour envoyer des commentaires.