La dame des forges, roman

Nathalie de Broc

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    6 mai 2010

    L’histoire se déroule en Bretagne, du côté d’Hennebont au milieu d’un XIXème siècle furieusement industriel.
    A la suite de la mort en couches de sa femme, Adrien Le Guerno quitte son emploi et un environnement qui n’en finit pas de lui rappeler sa douce Célie et se fait embaucher, à quelques kilomètres de là, aux Forges d’Hennebont. Là, les conditions de travail dans les hauts fourneaux sont telles que les hommes tiennent dix ans, tout au plus… Logés dans des maisonnettes insalubres, gagnant à peine de quoi vivre, mal nourris, les ouvriers et leurs familles tentent tant bien que mal de survivre.
    A quelques centaines de mètres de là, le propriétaire des Forges, Eylau de Kerviléon vit luxueusement dans un manoir que tout le monde appelle le Château. Impitoyable et plein de haine, ce patriarche n’a que faire des états d’âme de ses ouvriers et c’est avec son avidité coutumière qu’il développe ses projets, dont l’un d’eux consiste à marier sa petite-fille, Virginie, à un parti intéressant. Celle-ci, longtemps maintenue à l’écart des affaires et d’une réalité sordide, sort, par la force du mariage, de son cocon. Elle découvre très vite qu’elle n’est qu’un bel oiseau enfermé dans une cage dorée, et qu’à ses pieds, des hommes et des femmes, en raison d’une naissance moins favorable, triment comme des bêtes, et meurent pareillement.
    Conscience ouvrière chez Adrien, conscience féministe chez Virginie : ces deux-là ne peuvent que se trouver! Mais dans cette société extrêmement codifiée et hiérachisée, une femme ne peut pas avoir d’amant et encore moins si celui-ci n’est qu’un simple ouvrier…
    Nathalie de Broc noue, dans son roman, une intrigue romantique sur fond de révolte ouvrière. S’appuyant sur une solide documentation, elle dresse un portrait évocateur de la classe ouvrière bretonne dans ce XIXème siècle de tous les changements, et cela sans jamais tomber dans l’excès. Son héroïne, Virginie, symbolise l’éveil d’un certain féminisme qui ne peut se satisfaire de la condition de mineure réservée aux femmes. Et la justesse de son analyse rend, à elle seule, l’histoire intéressante. La narration est alerte, sans longueurs ni digressions excessives. Les personnages, attachants, éveillent notre empathie. Et l’espoir est au bout du chemin…