LE CÌÄåÇUR REGULIER

Olivier Adam

Éditions de L'Olivier

  • 13 mars 2011

    Voici mon deuxième rendez-vous avec cet auteur: Olivier Adam. Je n'avais lu jusqu'alors qu'une parution en collection jeunesse Sous la pluie. Je sais l'univers de cet écrivain assez sombre, pour autant son dernier roman m'intriguait.

    Sarah est bouleversée par la mort de son frère. Nathan était un homme différent des autres, un écorché vif. Un homme qui ne trouvait pas sa place dans la société, un homme en mal de vivre. Cette dualité fraternelle repose sur un manichéisme assez surprenant. La complicité qui unit Nathan et Sarah au fil des années s'intensifie alors même que leurs styles de vie diffèrent profondément.

    Nathan ne travaille pas, il mène une vie de bohème. Sarah a une vie rangée, elle a une vie parfaite avec mari et enfants...mais une vie qui finit par l'user. Elle choisit à la mort de son frère de fuir au Japon. Un petit village au pied des falaises sera son refuge. Un lieu de partage puisque quelques temps plus tôt Nathan a trouvé la quiétude auprès de Natsume dans ce lieu. Sarah part en quête des réminiscences de son frère. De cette manière, elle pense pouvoir se rapprocher de lui. Est-ce réellement possible? Comment fait-on pour passer à côté du mal être d'un proche?

    "Vu de loin, on ne voit rien."

    Le style d'Olivier Adam puise sa force dans l'évocation. Les descriptions sont si haletantes que le battement des coeurs n'est plus si régulier. La plume enchaîne les impressions et les sensations propres aux paysages et aux tourments du coeur.

    Ce roman me rappelle celui d'Ogawa Les Tendres plaintes pour le côté apaisant du refuge au Japon. C'est une lecture assez âpre pour les longues soirées d'automne mais avec Olivier Adam, on oublie très vite la rudesse des vies pour ne s'attacher qu'à la beauté de l'écriture.


  • Conseillé par
    8 juillet 2010

    Quand on lit Olivier Adam, il faut être de très bonne humeur, avoir le moral ! Ses histoires sont souvent tristes, dans ses livres, il pleut et il fait froid...

    La déchéance de Sarah est lourde, lente et l'auteur s'attarde sur chaque ressentiment de son personnage. Le voyage au Japon est le décor de sa tristesse, de son chagrin mais aussi de son pélerinage pour comprendre qui était son frère : le texte est ponctué par des souvenirs avec son frère.

    On a du mal à comprendre pourquoi cette descente fulgurante dans une tristesse si profonde, on a du mal à comprendre aussi ce qu'elle fait réellement au Japon...Disons que c'est assez vague. Quelque décor lui rappelle Nathan mais en même temps on peine à entrer vraiment dans les sentiments de Sarah. Le lecteur apparait alors spectateur mais de loin, très loin. Sarah est comme une ombre...

    Tout est flou, gris. J'ai eu l'impression d'un tableau de fin d'été... loin de l'histoire du livre. ça reste plat.

    J'aime beaucoup cet auteur malgré tout mais là je ne sais que penser de ce roman.


  • Conseillé par
    22 juin 2010

    Olivier Adam un auteur que j’affectionne particulièrement. Comme je l’ai déjà dit, il décrit des gens à qui la vie fait un pied de nez, des personnes qui n’ont pas une vie linéaire avec en filigrane « tout est beau, tout est rose ».

    Pour Sarah tout allait bien : mariée, deux enfants, une vie tranquille et aisée. Mais Nathan le frère dont elle était si proche est mort. Un frère qui a refusé de se couler dans le moule, alternant les périodes sombres, noires et celles où il retrouvait pied. Depuis que Nathan est mort en encastrant sa voiture dans un platane, Sarah se sent incomprise et de plus en plus prisonnière de sa « si parfaite » vie de famille. D’ailleurs, elle est persuadée que cet accident était un suicide. Elle décide de partir sur les traces de Nathan, au Japon, et s’installe dans un petit village connu pour une étrange raison : ce village est en effet le lieu d’élection de tous les candidats au suicide. Un homme, Natsume, arpente les falaises pour les dissuader de commettre l’irréparable. Nathan, avant son accident, prétendait avoir enfin trouvé la paix auprès de lui. Sarah a l’espoir de se rapprocher, une dernière fois, de son frère.

    Mais il lui faudra plus qu’un voyage pour se réapproprier son histoire et reconnaître qu’elle s’est dupée elle-même. « Toutes ces années, je m’étais tellement échinée à me perdre, à me fondre dans le décor, à me noyer dans la masse. Je m’étais noyée tout court ».

    Il y a d’abord l’écriture d’Olivier Adam, une écriture puissante qui nous submerge. Comme quand l’on se tient debout sur le sable et que l’on se prend des vagues fortes ou déstabilisantes qui nous font vaciller. On se ressaisit en attendant la prochaine plus tempétueuse ou plus calme, nous léchant seulement les mollets.

    Sans tout raconter le livre, à travers Sarah, Oliver Adam nous parle du monde du travail tel qu’il est : « si j’ai appris quelque chose du monde du travail, c’est qu’on y tolère mal les faibles, que tout faille doit être camouflée, toute fragilité niée, toute fatigue combattue et oubliée, qu’une part non négligeable de nous-mêmes doit être laissée au vestiaire, comme un costume qu’on renfilerait qu’une fois le soir venu ».

    Un livre qui m’a scotchée d’émotions. J’ai lu en apnée totale cette histoire, le cheminement de Sarah, sa révolte et ses remises en question. Pas de pathos ou de mélo… Une fois de plus, j’ai pris en pleine figure des paquets d’émotions. Des vraies et sincères, des violentes ou des belles…

    Un gros coup de cœur et je dis chapeau bas à Olivier Adam pour ce livre!