Librairie coiffard

Éditions de l'Observatoire

19,00
Conseillé par (Libraire)
15 mars 2018

Conseillé par Stéphanie, Marie-Laure et Rémy

Pas facile de réussir un huis-clos en littérature.
Christian Guay-Poliquin s'y frotte, et gagne son pari haut la main!
Tandis que l'hiver du Grand Nord paralyse son environnement naturel, l'Homme est contraint de s'adapter. Et quand une panne d'électricité généralisée s'abat sur tout le pays cela n'arrange pas les choses!
Dans ce contexte, les habitants d'un village isolé s'interrogent : que faire du jeune homme retrouvé gravement accidenté sur la route à la fin de l'été? Il est d'ici, même s'il avait disparu depuis dix ans : l'abandonner n'est donc pas envisageable. Matthias, le vieil étranger qui s'est installé dans une maison abandonnées sur les hauteurs, faute de pouvoir rentrer chez lui (foutue panne!), pourrait bien représenter une solution provisoire.
Un jeune homme invalide et convalescent veillé par un vieil homme qui ne se trouve pas là où il souhaiterait être, se retrouvent donc à vivre ensemble sous une véranda alourdie par le poids de la neige qui n'en finit pas de tomber. Le huis-clos est en place.
Les jours passent et se ressemblent autour du poêle, du pain noir et de la soupe sans fond. L'immobilisme, le silence fragilisent une cohabitation forcée. Et puis le doute, la perte de confiance s'infiltrent doucement mais implacablement dans les brèches existantes.
La neige est un personnage à part entière et son omniprésence rend la menace toujours plus intense. Matthias et l'homme blessé y survivront-ils?
Servi par une langue qui sait aller à l'essentiel, ce roman a quelque chose d'envoûtant. Il est habité par l'hiver, et pourtant sur cette neige toujours plus envahissante se reflète une grande lumière. Plongez-y sans hésitation!

Conseillé par (Libraire)
27 février 2018

Conseillé par Marie-Laure, Lyonel et Stéphanie

"The Sound of silence" chantaient Paul Simon et Art Garfunkel. "Le son du silence".
Le silence fait-il du bruit? Pourquoi? Et quel est-il?
Cela pourrait-être le point de départ du roman de Thomas Giraud. Comment peut-on être l'homme d'un seul disque enregistré à Londres par Paul Simon? Pourquoi Jackson C. Frank après la sortie de cet album "Blues Run The Game" est-il retombé si rapidement dans l'oubli? Pourquoi s'est-il effacé silencieusement alors que ses chansons étaient reprises par les plus grands dans l'ignorance du public?
Après les montagnes et les ruisseaux d'Elisée Reclus, Thomas Giraud nous transporte dans une autre vie marginale, mystérieuse, mélancolique. Celle d'un musicien talentueux dont l'oeuvre et la vie sont devenues une ballade silencieuse. Et sous la plume de Thomas Giraud cela donne un texte envoûtant, scandé par les accords et les désaccords intérieurs d'un homme traumatisé dans son corps, guetté par la folie.
Ce cheminement littéraire et musical nous touche indéniablement.

Lucas

Contre-Allée

Conseillé par (Libraire)
27 février 2018

Conseillé par Stéphanie

Quelque chose me trotte dans la tête depuis que j'ai fini "Assommons les poètes", et "Témoin", lu dans la foulée. Pourquoi le métier de poète-reporter n'existe-t-il pas partout en France, partout dans le monde? Les poètes devraient être universellement reconnus. Ils seraient nos hérauts, peut-être même nos héros.
La parole de Sophie G. Lucas est indispensable. Implacable, engagée, résistante, cette femme a des yeux, des oreilles ; les sens à l'affût (même celui de l'humour), elle nous dit avec ses mots. Elle nous réveille, elle nous éveille.
"Assommons les poètes", clin d'oeil à Baudelaire et à son poème "Assommons les pauvres" est à mettre en toutes les mains, à glisser dans toutes les poches, à conserver dans toutes les bibliothèques!

18,00
Conseillé par (Libraire)
14 février 2018

Conseillé par Stéphanie

"Comme le cristal"
Quand on pense au cristal, on imagine quelque chose de lisse, de brillant, de clair, de transparent aussi. On pense éclat et sonorité inimitables. Et puis fragilité.
Or Lisette, Ada, Franz et Gretchen au prime abord n'ont pas d'éclat. Non. Mais ils sont fragiles, certainement. Ce sont des femmes et un homme ordinaires. Chacun vit avec sa part de névrose, de solitude, de colère aussi. Chacun se débat avec son quotidien. Agaçants ces personnages? Oh oui! Ils sont surtout maladroits, empêtrés dans leur passé et leurs erreurs. Pourtant le lecteur se surprend à les aimer. Certainement grâce au talent de Cypora Petitjean-Cerf. Une structure narrative brillante, un regard à la fois tendre et cynique sur la vie et les gens, un brin de folie, un zeste de fantasmagorie, une bande son "Heavy Metal", finalement c'est peut-être sous la couche névrosée des personnages que se cache leur éclat.
Il faut souvent des années pour opérer sa mue. Parfois aussi un événement inattendu fait basculer les choses. Et si un canapé lié à l'enfance perdue resurgissait? Là. Comme ça. Sans explication.
"Comme le cristal" est un roman atypique provocateur de sourire. Une jolie découverte.

Conseillé par (Libraire)
4 janvier 2018

Conseillé par Carole, Stéphanie et Rémy

Que le lecteur ayant tourbillonné sous la plume d'Olivier Bourdeaut en écoutant Nina Simone et son Mr Bojangles se réjouisse!
"Pactum Salis" nous a enchanté!
Le château n'est plus en Espagne. Non. La nouvelle vie rêvée se situe dans les reflets rosée de la fleur de sel, au son de l'aigrette, à la sueur du front et au geste inimitable du paludier maniant la lousse à la surface de l'oeillet. Jean, parisien repenti, se nourrit du silence, de la solitude et du labeur induit par son métier. Aussi n'apprécie-t-il pas du tout, mais pas du tout, de trouver au petit matin un homme affalé sur son tas de sel durement élevé. Et quand il découvre que ce Môssieur assommé par l'alcool s'est permis d'uriner juste à l'endroit où la bâche protectrice présente quelques trous, la moutarde lui monte au nez! Jean vient de rencontrer Michel.
Ce couple improbable, drôle, horripilant nous happe comme les marais le font avec les mocassins de marque de Michel : brusquement, totalement, dangereusement. Faut-il ajouter qu'Olivier Bourdeaut franchit l'étape du deuxième roman avec virtuosité?