François-Régis SIRJACQ (Libraire)

Éditions Gallmeister

24,60
15 février 2022

Une première bonne surprise de cette rentrée littéraire 2022 !

Bill contacte ses enfants pour une virée familiale en canoë dans les lacs canadiens. Bill a convié sa fille Al et son fils Trig, jumeaux autrefois inséparables, à ce raid improvisé : pour revivre le temps de la cellule familiale unie ? Pour revivre le temps des vacances de cette époque ?
Vous l'aurez compris, rien ne va vraiment se dérouler comme prévu et le "pagayage" familial va rapidement se transformer en exutoire familial pour le trio. Et encore plus quand un matin, il se réveille duo. L'heure n'est alors plus au règlement de comptes, mais à la survie pure et simple, alors que les températures chutent, que la neige tombe et que les glaces se referment sur les lacs.
Tout au long du roman, on retrouve la splendeur des paysages de la nature sauvage grâce à l’auteur, capable de décrire des pages durant la beauté inquiétante des lacs canadiens en hiver, la splendeur des paysages, la grâce et l'indécence d'un coup de pelle lorsqu'il vient troubler la quiétude d'un monde figé. On y apprécie la dimension sombre et inquiétante qui font du livre un parfait exemple d’un roman que l’on a pas envie de lâcher.
Et on retrouve le talent de Fromm à travailler ses personnages et les liens familiaux qui les unissent ou les séparent. Un traumatisme, la maladie, les non-dits, la force de la fratrie, la bienveillance, le pardon… Autant de bons et de moins bons sentiments qui traversent le livre, déclenchant l'empathie même devant la faiblesse ou l'indicible.
Une première bonne surprise de cette rentrée littéraire 2022 !

Rachid Benzine

Seuil

13,00
15 février 2022

Difficile de ne pas finir les larmes aux yeux !

Fabien, un jeune garçon de CE2 est le narrateur de cette histoire : il adore la poésie, se fait une joie à l'idée de réciter ses créations devant sa classe et son instituteur monsieur Tannier. Hélas la veille de sa récitation, ses parents l'emmènent en voyage surprise sans lui laisser le choix. En fait, ses parents se sont convertis et deviennent djihadistes afin de combattre avec Daesch.
Il arrive à Raqqah en Syrie. Fabien devenu Farid s'accommode comme il peut de cette nouvelle vie qu'il subit, joue au foot et va à l'école en comprenant bien quand même qu'il y a des choses qu'il ne doit surtout jamais dire, alors même que ses copains de Sarcelles et la poésie lui manquent.
Alors que ses parents commencent à regretter leur engagement aveugle, le père ayant été entraîné par la mère, il est désormais trop tard pour tenter de rentrer en France : tout le monde se surveille et ceux qui veulent fuir se retrouvent rapidement pendus.
Une fois son père mort et le groupe terroriste perdant du terrain face à la coalition, Fabien se retrouve contraint à l'exode avec sa mère. Il atterrira dans un camp de réfugiés kurde géré par l'armée où il sera parqué à l'écart avec les autres djihadistes en attendant qu'on décide de leur sort. L'espoir d'un retour en France s’amenuise de jour en jour.
Voyage au bout de l’enfance est un roman court, mais intense et qui dégage une grande tristesse. Rachid Benzine parvient en quelques pages seulement à toucher juste et à frapper fort, à travers la voix de ce jeune garçon qui rêvait de poésie et se retrouve dans l'enfer de la guerre. Difficile de ne pas finir les larmes aux yeux !

15 février 2022

Il faut prendre son temps pour lire et apprécier la beauté de la plume de Jeanne Benameur

Simon l’humain va partir, quitter la Bretagne qu'il aime depuis l'enfance. Il a besoin de commencer un autre chemin. Il a été un psychanalyste honnête, pas un faiseur de miracles. Se retrouver à l'aéroport avec une valise et un sac, juste un billet aller.
Simon se retrouve au Japon, dans les îles Yaemana. Un pays de traditions. Madame Itô tient une maison d'hôtes et collectionne les tissus anciens. Daisuke, son mari, répare les céramiques brisées, un peu comme Simon qui essayait de réparer des êtres brisés. Mais comment être sûr qu'un être humain a retrouvé une vie plus sereine ?
L’auteur nous offre un récit tout en délicatesse. Son choix de nous emmener au Japon n'est sans aucun doute pas anodin. Pour Simon, ce pays est l'occasion de faire face à sa propre histoire, de faire une analyse personnelle sur son métier, ses amitiés, ses amours. Il va trouver une paix infinie, toucher la beauté du doigt. Les saveurs délicates des repas, les bienfaits des sources chaudes où l'on se baigne nu, la douceur des étoffes. Savoir écouter, ne pas poser de questions inutiles, laisser le silence prendre sa place naturellement dans une conversation. Une écriture, douce, sensuelle, poétique et élégante. Il faut prendre son temps pour lire et apprécier la beauté de la plume de Jeanne Benameur. Une fois de plus elle sait explorer l'âme humaine avec bonheur.

15 février 2022

La foi en la beauté, seule capable de sauver l’humanité

Au hasard d’une galerie de Saint-Jean-de-Luz, Frédéric Beigbeder aperçoit un tableau représentant une cabane, dans une vitrine. Au premier plan, un fauteuil couvert d’un coussin à rayures, devant un bureau d’écrivain avec encrier et carnets, sur une plage curieusement exotique. Cette toile le fait rêver, il l’achète et soudain, il se souvient : la scène représente la pointe du bassin d’Arcachon, le cap Ferret, où vit son ami Benoît Bartherotte. Il va se mettre à écrire.
Face à l’Atlantique qui à chaque instant gagne du terrain, il voit remonter le temps. Par vagues, les phrases envahissent les pages, sous la forme de réflexions sur l’écriture, la solitude. Puis des éclats du passé reviennent. Ce passé est retracé, avec beaucoup de charme : l’enfance entre deux parents divorcés, la permissivité des années 70, l’adolescence, la fête et les flirts, la rencontre avec Laura Smet, en 2004… ce temps est révolu. La fête est finie. Pour faire échec à la solitude, reste l’amour. Celui des siens, celui que Bartherotte porte à son cap Ferret. Et Beigbeder, ex dandy parisien devenu l’ermite de Guétary, converti à cette passion pour un lieu, raconte comment Bartherotte, s’est lancé dans une bataille folle contre l’inéluctable montée des eaux, déversant envers et contre tous des millions de tonnes de gravats dans la mer. Fou magnifique construisant une digue contre le réchauffement climatique, il réinvente l’utopie et termine le roman en une peinture sublime et impossible, noyée d’eau et de soleil. La foi en la beauté, seule capable de sauver l’humanité.

19,00
15 février 2022

Espoirs, illusions, errances ...

Nico, jeune parisien de 26 ans, chante dans un groupe et étudie l'histoire de l'art. Il a pour sujet de mémoire une série de toiles que Francis Bacon a dédiées à la figure passionnée de Vincent Van Gogh. Dans une soirée, il rencontre la captivante Laura dont il va tomber fou amoureux. Un amour qui va se révéler aussi insaisissable que les trajectoires et les enjeux qui s'offrent à lui. Espoirs, illusions, errances, Nico se sent en équilibre instable. Il doit lutter pour ne pas renoncer à ses rêves, coincé entre la volonté de préserver ses illusions de jeunesse et le compte à rebours d'une société qui lui demande de choisir au plus vite un avenir puis de s'y fixer. Il se sent comme Van Gogh sur les toiles de Bacon. Un être sidéré, au bord de l'abîme, qui doit pourtant avancer.
C'est le début d'un apprentissage, d'une traversée de l'amour, d'un chemin qui va le mener aux confins de cet âge délicat où il faut s'engager sur une voie parmi d'autres sans jamais renoncer à qui l'on est.