Socio-anthropologie des religions
EAN13
9782200351953
ISBN
978-2-200-35195-3
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
DD.PSYSOC COLIN
Nombre de pages
224
Dimensions
21 x 15 cm
Poids
378 g
Langue
français
Code dewey
306.6
Fiches UNIMARC
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Socio-anthropologie des religions

De

Armand Colin

Dd.Psysoc Colin

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Première Partie?>Le champ de l'anthropologie religieuse?>?>Chapitre 1?>La religion et le sacré?>Bien avant l'époque grecque, à Sumer comme en Égypte, certains phénomènes sont censés manifester la présence des dieux. Dans l'antiquité romaine, le terme religio désigne la sphère indépendante de l'Etat qui régit les pratiques et croyances ayant trait au sacré.La religion interrogée par l'anthropologie?>Religion et religionsSelon l'épicurien Lucrèce, dans le De natura rerum, l'homme redoute la puissance des dieux qu'il imagine être à l'origine de l'ordre du monde ; il émet dans les rites, notamment dans le sacrifice, des signes de sa dépendance et de sa soumission au lieu d'acquérir le vrai savoir philosophique. Selon le stoïcien Cicéron, la religion (du mot relegere, recueillir scrupuleusement, prendre soin, contraire de neglegere, négliger) se définit par le culte rendu aux dieux, réels gérants du monde (De natura deorum). La pseudo-étymologie religare : relier, n'est qu'une élaboration chrétienne ultérieure, faite aux IIIe et IVe siècles par les apologistes Tertullien et Lactance. Au XIIIe siècle, l'adjectif « religieux » s'applique seulement aux baptisés, ermites et moines, qui ont fait vœu de perfection. L'extension du mot religion varie au cours des siècles et ne se stabilise qu'à la Renaissance lorsque Nicolas de Cues, dans La Paix de la foi (1453), souligne simultanément l'universalité de l'attitude religieuse (dévotions et rites) et la diversité anthropologique des religions selon les cultures. On notera que, chez beaucoup de peuples, n'existe pas d'équivalent du mot « religion », bien que lesfaits religieux y soient présents, mais pas nécessairement séparés des autres institutions sociales. Au XVIIe siècle, pour affirmer la supériorité de la révélation, on oppose religion révélée et religion naturelle, cette dernière comportant l'adoration d'un être suprême, la croyance en l'immortalité de l'âme et l'espérance du salut.Aussi limpide que nous paraisse l'idée de religion, la définition du religieux demeure malaisée car on ne s'accorde pas sur ses critères. Le surnaturel ? La magie le suppose aussi. Les dieux ? Durkheim souligne que le bouddhisme est une religion sans dieu. Les esprits ? Ils foisonnent dans les croyances populaires, et la croyance ne suffit pas à spécifier une religion par rapport à n'importe quelle idéologie profane ou à une société secrète. Il est en outre difficile d'isoler le fait religieux. Même dans les sociétés primitives, a-t-on le droit de le réduire au totémisme (Durkheim) ou à la mentalité mystique (Lévy-Bruhl) ? Les institutions et rituels traitant de la maladie sont-ils proprement religieux ? Et si, dans les sociétés modernes, on différencie sans trop de difficultés les sphères du parental, de l'économie, du politique, de la sphère religieuse, celle-ci n'a pas la même autonomie dans les sociétés traditionnelles.
Pour les voyageurs, au cours des siècles d'exploration du monde, la religion a été entendue comme l'ensemble des cultes et des croyances, des attitudes mentales et gestuelles, dévotionnelles et orientées par des conceptions d'un au-delà. Pour l'étranger à un système, c'est d'abord par leur expression pratique que les religions se caractérisent, c'est-à-dire par leur culte, ensemble de conduites fortement symboliques pour la collectivité et ensemble de relations unissant l'homme à une réalité qu'il estime supérieure et transcendante. Mais là encore, il s'agit d'une manière de parler approximative, indiquant à peine l'incessante quête humaine d'un inaccessible qui ne s'objective que par une foi.À la recherche de certitudesDe multiples questions insolubles ont par ailleurs encombré l'anthropologie religieuse depuis les années 1870 jusqu'à ce qu'on se livre, surtout après 1945, à de nombreuses études empiriques rigoureuses. Quelle est la religion la plus simple ? Doit-on placer à l'origine le monothéisme ou le polythéisme ? Y a-t-il un schéma évolutif de dépassement de la religion, universellement valable ? L'émotion est-elle toujours liée au rite ? L'impersonnel mystérieux préexiste-t-il à l'idée de personne divine ? N'y a-t-il de religion que fondée sur une tradition ? Les religions révélées sont-elles supérieures aux autres ?Considérons successivement chacune de ces interrogations.• La religion la plus simple ? Qu'est-ce à dire ? À partir de quels critères ? Ce qu'on a appelé abusivement le totémisme n'est-il pas fort compliqué d'après ce que nous en dit Elkin, le grand spécialiste des religions australiennes ? Les religions dites primitives ont subi autant de siècles d'histoire (non écrite évidemment) que notre propre société. Et surtout le simple expliquerait-il le complexe ? En quoi la hache en pierre polie explique-t-elle la bombe atomique ?• Monothéisme initial ou polythéisme ? Que savons-nous des origines après que tant de théoriciens ont supposé, sans aucune preuve solide que la religion provenait de l'expérience des rêves pour l'un, de la crainte de phénomènes inexplicables de la nature pour l'autre, ou encore de la fascination de l'unité et de la diversité du monde ? L'idée d'un grand dieu, chez les pseudo-primitifs, dominant une foule de petits dieux qui lui sont soumis, n'est que l'idée d'un Être suprême dans certains polythéismes et non l'idée fondamentale d'un monothéisme. Et le polythéisme est bien plus répandu dans l'histoire de l'humanité que le monothéisme, dont rien ne prouve qu'il se place, soit à l'origine (Lang, Schmidt), soit comme état terminal des croyances. Et que de monothéismes ! Le juif basé sur l'élection d'un peuple unique, le chrétien d'un seul Dieu en trois personnes, l'islamique refusant tout usage pluriel de Dieu, le Bantou plaçant Imana comme lointain dieu du ciel. En résonance à ce problème, celui de la monogenèse ou de la polygenèse de l'humanité : un seul couple créé par un seul Dieu ou une pluralité de races et de couples de primates issus de l'évolution. Dans ce dernier cas, s'effondrent les conséquences du péché originel comme l'opprobre des fils de Cham !• Un schéma d'évolution ? Les fameuses séquences « historiques » de Comte, Marx, Morgan ou Frazer diffèrent toutes selon les critères adoptés. Comment prouver qu'existe un sens unique de l'évolution sans régressions, ni blocages, ni pertes ? Et le point final (un fantasme de plus !) est-il l'homme du XXIe siècle, le croyant ou le scientifique agnostique ? Néanmoins, il y a intérêt à étudier les religions de peuples dits naguère primitifs ou archaïques, non pas pour découvrir quelque essence, mais pour dégager quelques caractères constants du religieux par approches comparatives sans que jouent des interférences de variables les unes avec les autres, car ces religions se sont pour beaucoup développées de manière isolée en diverses parties du monde, tandis que se sont influencés le judaïsme, le christianisme, l'islam, et ailleurs l'hindouisme, le bouddhisme, le jaïnisme, le taoïsme, le shintoïsme...• L'émotion collective liée au rite ? Que de rites sont accomplis avec peu d'affects, autant chez les responsables des offices que chez leurs fidèles ! Caillois n'est pas le seul à avoir souligné la routinisation du religieux ni à avoir montré le fait que la crainte ne spécifie pas l'attitude religieuse. Et puis, bien d'autres actes que le rite, l'amour en premier, procurent des émotions intenses. L'homme qui fuit de peur devant un ours n'accomplit pas un acte proprement religieux. Et le magicien, comme le prêtre, pacifie souvent plus qu'il n'émeut.• Le mystère impersonnel avant l'idée de forme divine personnelle ? Notre habitude d'anthropomorphiser les dieux est-elle plus justifiable que notre croyance à une puissance universelle ? Et les hommes sont-ils plus à l'image des dieux que les dieux à l'image des hommes ?• Une tradition ? La religion se présente comme un discours traditionnel, quel que soit le contenu de la croyance. Mais il en est ainsi de toute culture qui fonde sur la coutume l'autorité qu'elle exerce sur les individus et les groupes, parce qu'elle appuie sur des institutions et croyances plus ou moins sacralisées son système de valeurs, parce que soulignant la continuité entre passé et présent, el...
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