Le convoi de l'eau

Akira Yoshimura

Actes Sud

  • Conseillé par
    24 juin 2012

    Ce roman du japonais Akira Yoshimura est une pure merveille de lecture.

    L'histoire ?

    Un barrage hydroélectrique va être construit dans une vallée où coule la rivière K.
    "Le tumulte s'était calmé à notre insu, et un profond silence dominait. Il n'était certainement pas dû à la fatigue de cinq jours de marche forcée avec la peur des éboulements, mais à l'émotion que nous avions éprouvée lors de la découverte de la vallée; la réalité de notre objectif nous avait tous rendus muets."

    Au fond de la vallée, un mystérieux hameau aux toits pentus recouverts de mousse verdoyante.

    Un homme étrange fait partie du chantier. Il porte en permanence dans un sac cinq morceaux d'os des doigts de pied de sa femme.
    Etrange, étrange, vous avez dit étrange ?

    Il raconte.

    Le hameau devra être enseveli sous l'eau. Ses habitants devront être expulsés et dédommagés.

    Mais vont-ils accepter de quitter leur village ancestral ?

    Devant nous vont se dévoiler deux destins : celui de cet énigmatique narrateur et celui de ce village inconnu.
    De ce personnage nous savons qu'il a fait quatre ans de prison et que le spectacle de ce village en sursis ressucite en lui la vie en cellule.
    "Je ne savais pas si l'endroit me sauverait ou non."

    Nous allons vivre le combat à distance entre ceux qui arrivent en terrain conquis et ceux qui vont partir...peut-être...

    "Nous étions entre nous, les habitants du hameau entre eux, chacun vivant de son côté sans se cotoyer."
    Sur leurs gardes, ces deux mondes vont s'épier jusqu'à...suspens, suspens quand tu nous tiens...

    Ce livre mêle de la violence, de la poésie et de l'intime.
    Hypersensible ! Magnifique !

    "Pour eux qui n'avaient aucun contact avec la société en général, les chasser de la vallée équivalait à les condamner à mort."


  • Conseillé par
    23 mai 2011

    Un homme et les ouvriers de son équipe sont envoyés dans un coin isolé du Japon. Ils ont pour mission de construire un barrage dans les hautes montagnes. Nichés dans cette vallée confinée par la brume, un hameau et son important cimetière sont suspendus au silence depuis des années. Un paysage comme sorti des nimbes et mystérieux à l’image des villageois. Deux mondes que tout oppose et qui semblent s’éviter. Les travaux débutent brisant l’équilibre harmonieux du village.


    Quand deux de mes libraires ( Karine et Pauline pour ne pas les citer) me mettent un livre de côté inutile de préciser que je repars avec ! Et, je les remercie car sans elle, je serais passé à côté de ce roman ! Je ne savais rien sur l’histoire et la surprise a été de taille ! J’ai commencé cette lecture en m’imaginant être dorlotée par une poésie. Et bien non, pas de bercement mais une ambiance troublante qui m’a ferrée dès le départ. L’histoire du narrateur a de quoi donner des frissons dans le dos. Cet homme a tué sa femme parce qu’elle le trompait. Il a purgé sa peine de prison et n’éprouve aucun remords vis-à-vis se son crime Au contraire, il explique avec sang-froid la cruauté qui l’a toujours habité. Un homme froid dont on est en droit d’attendre aucun sentiment ou aucune compassion. Alors que la construction du barrage ébranle les maisons, les habitants continuent à réparer ce qui est destiné à être détruit. Les ouvriers se moquent mais cette raillerie est vite obscurcie. La contruction du barrage oppose la modernité aux traditions. Le mode de vie des villageois, leur respect de la nature environnante et de celle de leurs défunts, un drame horrible vont permettre au narrateur de baillonner ses démons.

    Les descriptions sont à couper le souffle ! S'y ajoutent une tension en crescendo, une écriture singulière et une histoire dont la beauté est particulière. Majestueuse, élégante et humble. Conquise et troublée de la première à la dernière ligne !