- EAN13
- 9782301000125
- ISBN
- 978-2-301-00012-5
- Éditeur
- Editions Sedes
- Date de publication
- 05/09/2007
- Collection
- Impulsion
- Nombre de pages
- 160
- Dimensions
- 25 x 17,5 cm
- Poids
- 221 g
- Langue
- français
- Code dewey
- 128.4
- Fiches UNIMARC
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L'action - Prépas commerciales - Programme 2007-2008
Prépas commerciales - Programme 2007-2008
De France Farago, Étienne Akamatsu, Gilbert Guislain
Editions Sedes
Impulsion
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Autre version disponible
Maquette de couverture : Atelier Didier Thimonier
Illustration de couverture : © image100/Corbis
© Éditions Sedes, 2007
Internet : http://www.editions-sedes.com
Armand ColinÉditeur• 21, rue du Montparnasse• 75006 Paris
9782301002723 — 1re publication
Avec le soutien du
www.centrenationaldulivre.frCollection impulsion
Série CoursParmi nos autres publications pour les classes préparatoires commercialesSérie Cours
Géopolitique de l'Afrique, P. Hugon.
Géopolitique de l'Asie, G. Delamotte et F. Godement.
Géopolitique du Maghreb et du Moyen-Orient, K. Bennafla, D. Pagès-EL Karoui, O. Sanmartin.Série Méthode
Pratique de l'essai et de l'expression écrite en espagnol, D. Casimiro et A. Hérard.Les auteurs
France Farago, agrégée de philosophie, est professeur en classes préparatoires littéraires au lycée Chaptal à Paris. Elle a rédigé les chapitres 1 à 6, l'introduction et la conclusion.
Étienne Akamatsu, agrégé de philosophie, est professeur au lycée Bascan à Rambouillet et professeur-interrogateur en classes préparatoires commerciales au lycée Notre-Dame du Grandchamp à Versailles. Il a rédigé le chapitre 8.
Gilbert Guislain, ancien élève de l'École Normale supérieure de Saint-Cloud, est professeur de lettres au lycée Jules Ferry à Versailles et professeur-interrogateur en classes préparatoires commerciales (Notre-Dame du Grandchamp à Versailles, Franklin, Saint-Louis de Gonzague à Paris). Il a rédigé les chapitres 7 et 9.
Chapitre 1La connaissance et l'actionI. « Au commencement était l'action » : éloge de la main
Pourquoi, tout d'abord, situer l'action « au commencement » ? N'est-ce pas parce que l'éveil de l'homme au cœur du monde le met en rapport avec l'ordre d'une implacable nécessité avec laquelle il doit compter pour vivre et pour survivre ? L'homme s'éprouvant sujet de ce qui l'affecte et le suscite, se trouve contraint d'interagir avec le milieu qui le porte et le menace tout à la fois. La nature au sein de laquelle il s'éveille en tant qu'être de besoin, vulnérable, confronté à toutes sortes de forces hostiles, n'a pu apparaître aux hommes des commencements que comme une nécessité subie qu'il s'est, peu à peu, efforcé de dompter. L'agir a d'abord été un réagir, une réponse à ces mouvements spontanés qui animent les forces de la nature dont il a dû, pour survivre, apprendre à s'affranchir en les domestiquant. La première action de l'homme a été de se relever, de dresser son corps à la verticale dans un espace dès lors mieux balayé par un regard capable d'évaluation intelligente des situations. Il faut relire L'éloge de la main que fait Henri Focillon, après Anaxa-gore (500-428 av. J.-C.) : « L'homme a fait la main, je veux dire qu'il l'a dégagée peu à peu du monde animal, qu'il l'a libérée d'une antique et naturelle servitude, mais la main a fait l'homme. » Focillon rappelle l'humilité des commencements humains : celle de la fonction cognitive de la préhension qui donne non seulement la connaissance des qualités premières, sensorielles (lisse, rugueux) mais aussi des qualités que la géométrie et la physique appelleront secondes, liées à l'espace (surface, volume, densité, pesanteur). Les premières unités de mesure ne sont-elles pas la main, la coudée, le pied, le pouce ? Faire l'éloge de la main dans une généalogie de la connaissance inventive et du passage de la nécessité subie à la nécessité domptée par la collaboration des sens – vue, toucher – et de la puissance que confère le don de préhension des mains humaines, c'est, pour Henri Focillon, l'occasion de rappeler l'unité foncière et primitive des facultés par lesquelles l'homme s'est arraché à l'antique servitude à laquelle condamne l'immédiateté de la nature.
Soulignant la réciprocité de l'influence entre la main par laquelle le monde lui est donné, mis à sa portée, et le langage par lequel ses esquisses manuelles se prolongent dans le travail de symbolisation des choses, Henri Focillon montre, à la suite de Hegel, que l'origine de l'homme est tout à fait inassignable. L'homme fut, d'emblée, ce complexe de relations entre l'univers et sa faculté de voir, de toucher, d'intelliger le monde dans des « réseaux » destinés à « prendre l'impondérable », dans ces « courants translucides [...] que l'œil ne voit point » mais que l'esprit conçoit. L'homme est l'être qui « tente » l'univers, qui palpe son côté nocturne pour en tirer des signes, une lumière capable d'« augurer » son chemin, de l'orienter. Ne faut-il pas provoquer le monde, le questionner, le « mettre à la question » de l'interrogation humaine pour sortir de l'effroi et du dénuement primitif, afin d'en « prendre possession », ne faut-il pas y agir afin de « s'y faire », d'en réduire l'étrangeté afin d'y pouvoir habiter en paix ? La dimension originairement et essentiellement pratique de l'appartenance au monde, l'enchaînement et l'enchevêtrement des opérations ordinaires de la vie ne révèle-t-il pas l'entrelacement originaire du subjectif et du rationnel avec le vital et le pratique ?
Si les us et coutumes, l'habitude, cette « seconde nature », ont fait oublier la « puissance inventive » des gestes humains, du poids dont est lesté le corps dans notre façon d'habiter le monde, l'usage maîtrisé de la parole qui transpose dans le concept la perception première, nous a fait oublier tout autant l'incarnation première du verbe. Ce sont les mains qui ont modelé le langage dont les esquisses prirent d'abord pour support signifiant le corps. Qu'est-ce que parler sinon faire surgir un monde inédit ? Si nous attribuons au concept de « monde » le sens non pas cosmique mais culturel que lui confère Hannah Arendt, n'est-ce pas par le Verbe que surgit le monde, par les signes qui font sens ? Il y a un agir, une efficacité symbolique qui, déjà façonne le monde en nous permettant sa manipulation à distance, sa représentation et les possibilités d'action efficace qu'elle nous procure. Il n'y a donc pas lieu de « choisir entre les deux formules qui font hésiter Faust : au commencement était le Verbe, au commencement était l'Action, puisque l'Action et le Verbe, les mains et la voix sont unies dans les mêmes commencements" ».
Focillon,Éloge de la main, dans L'Esprit des formes, Paris, PUF, 1964, p. 109.
Toutefois, Henri Focillon suggère une hiérarchie lorsqu'il voit dans la « création d'un univers concret, distinct de la nature, le don royal de l'espèce humaine ». L'édification d'un tel monde est d'ailleurs double :
–industrie, artisanat, liés à l'outillage qui, par ruse, soumet aux volontés humaines l'ordre auquel elles semblent destinées à être soumises,
–art qui façonne dans sa magie expressive un monde délivré du souci de l'utile : un monde de la gratuité, un monde de « formes désintéressées ».
L'homme se fait alors lui-même le « génie des métamorphoses » : de « quelques déchets » ou résidus du monde, il en invente « un autre qui est tout de lui ». C'est l'intelligence et la ruse qui introduisent en quelque sorte en contrebande ce qui vient diviser la matière compacte, médiatiser la nature immédiate pour lui imposer une forme au service des fins humaines. Mais l'esprit des formes, ce sont les mains qui en sont l'origine. La main, « ce dieu en cinq personnes » commande la facture de l'outil que l'entendement requiert pour la fabrique des choses, des artefacts humains. Le travail de notre corps n'est pas dissociable des œuvres de nos mains : ils s'impliquent l'un l'autre par le biais de l'outil qui, en soi, n'est pas séparable de l'usage auquel il se voit destiné. Sa valeur instrumentale, source d'une fécondité autre que celle des germinations naturelles est indissociable du génie de sa conception et des fins à lui assignées. L'homme l'arrache, le « sépare » du reste de l'Univers pour en faire le levier de ses créations inédites : d'abord prélevé par le discernement humain sur le matériel que charrie aveuglément la nature et qu'elle laisse aveuglément sur son passage, comme la coquille et son tranchant, il entre dans le cycle du travail rendu possible par l'énergie humaine. Ceci se fait dans le cadre d'une complicité, d'une amitié avec la main qui lui impulse cette vie qui lui faisait défaut quand manquait l'action d'...
Illustration de couverture : © image100/Corbis
© Éditions Sedes, 2007
Internet : http://www.editions-sedes.com
Armand ColinÉditeur• 21, rue du Montparnasse• 75006 Paris
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Étienne Akamatsu, agrégé de philosophie, est professeur au lycée Bascan à Rambouillet et professeur-interrogateur en classes préparatoires commerciales au lycée Notre-Dame du Grandchamp à Versailles. Il a rédigé le chapitre 8.
Gilbert Guislain, ancien élève de l'École Normale supérieure de Saint-Cloud, est professeur de lettres au lycée Jules Ferry à Versailles et professeur-interrogateur en classes préparatoires commerciales (Notre-Dame du Grandchamp à Versailles, Franklin, Saint-Louis de Gonzague à Paris). Il a rédigé les chapitres 7 et 9.
Chapitre 1La connaissance et l'actionI. « Au commencement était l'action » : éloge de la main
Pourquoi, tout d'abord, situer l'action « au commencement » ? N'est-ce pas parce que l'éveil de l'homme au cœur du monde le met en rapport avec l'ordre d'une implacable nécessité avec laquelle il doit compter pour vivre et pour survivre ? L'homme s'éprouvant sujet de ce qui l'affecte et le suscite, se trouve contraint d'interagir avec le milieu qui le porte et le menace tout à la fois. La nature au sein de laquelle il s'éveille en tant qu'être de besoin, vulnérable, confronté à toutes sortes de forces hostiles, n'a pu apparaître aux hommes des commencements que comme une nécessité subie qu'il s'est, peu à peu, efforcé de dompter. L'agir a d'abord été un réagir, une réponse à ces mouvements spontanés qui animent les forces de la nature dont il a dû, pour survivre, apprendre à s'affranchir en les domestiquant. La première action de l'homme a été de se relever, de dresser son corps à la verticale dans un espace dès lors mieux balayé par un regard capable d'évaluation intelligente des situations. Il faut relire L'éloge de la main que fait Henri Focillon, après Anaxa-gore (500-428 av. J.-C.) : « L'homme a fait la main, je veux dire qu'il l'a dégagée peu à peu du monde animal, qu'il l'a libérée d'une antique et naturelle servitude, mais la main a fait l'homme. » Focillon rappelle l'humilité des commencements humains : celle de la fonction cognitive de la préhension qui donne non seulement la connaissance des qualités premières, sensorielles (lisse, rugueux) mais aussi des qualités que la géométrie et la physique appelleront secondes, liées à l'espace (surface, volume, densité, pesanteur). Les premières unités de mesure ne sont-elles pas la main, la coudée, le pied, le pouce ? Faire l'éloge de la main dans une généalogie de la connaissance inventive et du passage de la nécessité subie à la nécessité domptée par la collaboration des sens – vue, toucher – et de la puissance que confère le don de préhension des mains humaines, c'est, pour Henri Focillon, l'occasion de rappeler l'unité foncière et primitive des facultés par lesquelles l'homme s'est arraché à l'antique servitude à laquelle condamne l'immédiateté de la nature.
Soulignant la réciprocité de l'influence entre la main par laquelle le monde lui est donné, mis à sa portée, et le langage par lequel ses esquisses manuelles se prolongent dans le travail de symbolisation des choses, Henri Focillon montre, à la suite de Hegel, que l'origine de l'homme est tout à fait inassignable. L'homme fut, d'emblée, ce complexe de relations entre l'univers et sa faculté de voir, de toucher, d'intelliger le monde dans des « réseaux » destinés à « prendre l'impondérable », dans ces « courants translucides [...] que l'œil ne voit point » mais que l'esprit conçoit. L'homme est l'être qui « tente » l'univers, qui palpe son côté nocturne pour en tirer des signes, une lumière capable d'« augurer » son chemin, de l'orienter. Ne faut-il pas provoquer le monde, le questionner, le « mettre à la question » de l'interrogation humaine pour sortir de l'effroi et du dénuement primitif, afin d'en « prendre possession », ne faut-il pas y agir afin de « s'y faire », d'en réduire l'étrangeté afin d'y pouvoir habiter en paix ? La dimension originairement et essentiellement pratique de l'appartenance au monde, l'enchaînement et l'enchevêtrement des opérations ordinaires de la vie ne révèle-t-il pas l'entrelacement originaire du subjectif et du rationnel avec le vital et le pratique ?
Si les us et coutumes, l'habitude, cette « seconde nature », ont fait oublier la « puissance inventive » des gestes humains, du poids dont est lesté le corps dans notre façon d'habiter le monde, l'usage maîtrisé de la parole qui transpose dans le concept la perception première, nous a fait oublier tout autant l'incarnation première du verbe. Ce sont les mains qui ont modelé le langage dont les esquisses prirent d'abord pour support signifiant le corps. Qu'est-ce que parler sinon faire surgir un monde inédit ? Si nous attribuons au concept de « monde » le sens non pas cosmique mais culturel que lui confère Hannah Arendt, n'est-ce pas par le Verbe que surgit le monde, par les signes qui font sens ? Il y a un agir, une efficacité symbolique qui, déjà façonne le monde en nous permettant sa manipulation à distance, sa représentation et les possibilités d'action efficace qu'elle nous procure. Il n'y a donc pas lieu de « choisir entre les deux formules qui font hésiter Faust : au commencement était le Verbe, au commencement était l'Action, puisque l'Action et le Verbe, les mains et la voix sont unies dans les mêmes commencements" ».
Focillon,Éloge de la main, dans L'Esprit des formes, Paris, PUF, 1964, p. 109.
Toutefois, Henri Focillon suggère une hiérarchie lorsqu'il voit dans la « création d'un univers concret, distinct de la nature, le don royal de l'espèce humaine ». L'édification d'un tel monde est d'ailleurs double :
–industrie, artisanat, liés à l'outillage qui, par ruse, soumet aux volontés humaines l'ordre auquel elles semblent destinées à être soumises,
–art qui façonne dans sa magie expressive un monde délivré du souci de l'utile : un monde de la gratuité, un monde de « formes désintéressées ».
L'homme se fait alors lui-même le « génie des métamorphoses » : de « quelques déchets » ou résidus du monde, il en invente « un autre qui est tout de lui ». C'est l'intelligence et la ruse qui introduisent en quelque sorte en contrebande ce qui vient diviser la matière compacte, médiatiser la nature immédiate pour lui imposer une forme au service des fins humaines. Mais l'esprit des formes, ce sont les mains qui en sont l'origine. La main, « ce dieu en cinq personnes » commande la facture de l'outil que l'entendement requiert pour la fabrique des choses, des artefacts humains. Le travail de notre corps n'est pas dissociable des œuvres de nos mains : ils s'impliquent l'un l'autre par le biais de l'outil qui, en soi, n'est pas séparable de l'usage auquel il se voit destiné. Sa valeur instrumentale, source d'une fécondité autre que celle des germinations naturelles est indissociable du génie de sa conception et des fins à lui assignées. L'homme l'arrache, le « sépare » du reste de l'Univers pour en faire le levier de ses créations inédites : d'abord prélevé par le discernement humain sur le matériel que charrie aveuglément la nature et qu'elle laisse aveuglément sur son passage, comme la coquille et son tranchant, il entre dans le cycle du travail rendu possible par l'énergie humaine. Ceci se fait dans le cadre d'une complicité, d'une amitié avec la main qui lui impulse cette vie qui lui faisait défaut quand manquait l'action d'...
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