LA FABRIQUE D'UN HAUT LIEU, LE CHAMBON-SUR-LIGNON ET LE PLATEAU XIX-XXI SIECLE
EAN13
9782911584879
ISBN
978-2-911584-87-9
Éditeur
Dolmazon
Date de publication
Nombre de pages
256
Dimensions
26 x 20 x 1,8 cm
Poids
930 g
Langue
français
Fiches UNIMARC
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La Fabrique D'Un Haut Lieu

Le Chambon-Sur-Lignon Et Le Plateau Xix-Xxi Siecle

Dolmazon

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Dans un premier temps, le Plateau, cette enclave protestante unique en Haute-Loire, et limitrophe de l’Ardèche plus fortement protestante, a été considéré comme un conservatoire religieux et un lieu de mémoire de la geste douloureuse des huguenots (XVIe-XVIIIe siècle). Mais alors même qu’il possédait quelques grandes figures de la résistance spirituelle, et surtout le prédicant martyr Désubas, arrêté entre Le Chambon et Saint-Agrève et exécuté à Montpellier, le Plateau n’a pu (ou voulu) devenir la terre par excellence du « Désert » huguenot : la place était prise, et avec quel éclat, par les Cévennes (Gard et Lozère). Une spécificité a pourtant retenu l’attention, jusqu’à nos jours : la diversité et la puissance des « Réveils » religieux, avec surtout l’implantation d’une très forte minorité darbyste. Il y a là un isolat spirituel et culturel un peu énigmatique, qu’ont scruté pasteurs et administrateurs (le célèbre baron Haussmann).
L’essentiel est advenu un peu par hasard, au début des années 1890, lorsqu’un pasteur de Saint-Etienne, Louis Comte, que préoccupait la mauvaise santé de son fils, s’est vu conseiller de lui faire effectuer un séjour à la montagne. Les Comte arrivent à Montfaucon, vérifient la qualité curative du bon air, Comte décide d’élargir le privilège d’un tel séjour à ceux qui n’en avaient pas les moyens, les enfants des milieux ouvriers stéphanois. Il fonde l’Œuvre des enfants à la montagne, dont on peut dire qu’elle est l’instrument qui a changé le destin du Plateau et du Chambon, et sans laquelle les épisodes suivants n’auraient probablement pas eu lieu. L’Œuvre envoie des milliers d’enfants, été après été, dans quelques centaines de familles qui s’habituent à accueillir des enfants issus d’un tout autre univers social et culturel. Le pays s’ouvre et s’enrichit, l’habitat s’améliore, quelques maisons collectives sont aménagées (jeunes filles, jeunes mères, malades), qui préparent l’ère des maisons d’enfants. Le tourisme commence à suivre les enfants placés par l’Œuvre, d’autant que routes nationales et voie ferrée (le CFD) désenclavent le Plateau, plus exactement l’axe Tence-Le Chambon-Saint-Agrève (Le Mazet et Fay-sur-Lignon, centres jusque-là importants, sont restés à l’écart du rail).
C’est le troisième temps remarquable : dès avant 1914 et surtout dans l’entre-deux-guerres, le tourisme s’empare du Plateau. Les hôtels et les pensions de famille se multiplient, les paysans inventent le concept du gîte rural dans les « carrés d’habitation », la population explose durant les deux à trois mois d’été. Le Chambon, déjà centre de l’Œuvre des enfants à la montagne, choisit de devenir officiellement un centre de tourisme, avec les revenus (taxe de séjour) et réalisations (adduction d’eau, urbanisme, villas…) associés à ce nouveau destin. C’est le temps d’une station quasi mondaine, avec tournois de tennis, clientèle de haute bourgeoisie protestante, création d’un collège privé destiné à ses enfants (le futur Collège cévenol),
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